Edition 2024 : En réparation(s)

Chaque année, le véritable décideur en matière de thématique n’est autre que l’air du temps. Est-ce à dire que réparer est devenu le mot d’ordre de notre société, voire de nos sociétés ? Il y a tout lieu de le penser. 

La philosophe Hélène L’Heuillet écrit justement : « Réparer est un maître mot de notre époque. Tout doit désormais pouvoir être réparé, non seulement les choses mais aussi les sujets humains et leur histoire. Il faut réparer aussi bien la dégradation du corps que le trauma, l’offense que l’injustice, le paraitre que l’être, le personnel et le collectif… » Comment alors ne pas y voir autre chose qu’une sorte d’observation détachée de certains de nos travers sociaux, quand nous sommes enjoints, chaque jour de sauver la planète, de recycler, de réviser notre Histoire, de nous repentir, de restaurer, de réhabiliter, bref, de réparer, réparer encore, réparer toujours ? Et quel aboutissement, enfin, le 23 octobre dernier, quand la presse, unanime, fait ses unes sur l’annonce de l’augmentation de la prime à la réparation qui va passer de 25 € à 45 € pour la réparation d’un aspirateur, un sèche-linge ou une machine à laver ! Tout est dit, mais autant reste à dire. Doit-on pouvoir tout réparer ? Comment ? Jusqu’où ? La réparation n’est-elle pas nécessairement une altération ? L’immatériel est-il réparable ? Qu’en irait-t-il de l’irréparable ?... Dans une société de réparation, quelle part reste-t-il à la notion de progrès ou de quel progrès ? Quelle part y fait-on à l’innovation, sauf, bien entendu, à l’innovation dans les processus de réparation ? Autant de questions qui, appliquées à cette société qui est la nôtre, ne peuvent que susciter le débat. Passionné ? C'est ce à quoi nous vous invitons à réfléchir lors de ce colloque !
Faut-il en accepter l'augure sans examen ?
C'est ce sur quoi nous vous avons invités à réfléchir en juillet dernier lors de notre colloque en Avignon.